Actualité

Société

WhatsApp gagne son procès contre NSO Group, le fabricant de Pegasus

Par Vincent Lautier - Publié le

Après cinq ans de bataille juridique, WhatsApp a remporté une victoire importante contre NSO Group, le créateur du logiciel espion Pegasus. La justice américaine a déclaré l’entreprise israélienne responsable d’avoir infiltré les appareils de 1 400 utilisateurs de WhatsApp en exploitant une faille dans l’application. Un procès en mars 2025 déterminera les dommages que NSO devra verser.

WhatsApp gagne son procès contre NSO Group, le fabricant de Pegasus


Un logiciel espion au cœur du scandale



Pegasus, c’est un nom qu’on associe souvent à des pratiques douteuses quand on lis la presse ces dernières années. Ce logiciel espion ultra-puissant a permis à ses utilisateurs (souvent des gouvernements) de surveiller des journalistes, des militants et même des diplomates. En 2019, WhatsApp avait porté plainte, accusant NSO d’avoir utilisé une vulnérabilité dans son application pour installer Pegasus sur les appareils ciblés, sans que les utilisateurs ne s’en rendent compte.

Selon les enquêtes, NSO n’a pas seulement fourni l’outil : l’entreprise aurait directement supervisé l’installation et la collecte des données, contredisant sa défense habituelle. NSO affirme toujours que ses outils servent à des enquêtes légitimes sur des affaires de terrorisme ou de criminalité, mais la justice n’a pas été convaincue.

WhatsApp gagne son procès contre NSO Group, le fabricant de Pegasus


Une décision qui pourrait tout changer



Le juge Phyllis Hamilton, du tribunal fédéral de Californie, a rendu un verdict qui pourrait bien faire jurisprudence. Elle a conclu que NSO avait violé plusieurs lois américaines sur la cybersécurité, en particulier le Computer Fraud and Abuse Act (CFAA). La société est également coupable d’avoir enfreint les conditions d’utilisation de WhatsApp.

Pour WhatsApp, cette victoire est symbolique. Will Cathcart, le responsable de l’application, a déclaré : Cette décision montre que les entreprises de logiciels espions ne peuvent pas se cacher derrière l’immunité ou éviter leurs responsabilités.

WhatsApp gagne son procès contre NSO Group, le fabricant de Pegasus


Des sanctions pour manque de coopération



Pendant le procès, NSO a traîné des pieds. L’entreprise n’a pas fourni le code source complet de Pegasus, malgré une demande explicite du tribunal.

En France, le logiciel espion Pegasus a suscité pas mal de polémiques. En 2021, des enquêtes ont révélé que des personnalités françaises, dont des journalistes, des avocats et des membres du gouvernement, figuraient parmi les cibles potentielles. En particulier, les iPhone du président Emmanuel Macron et de l’ancien premier ministre Édouard Philippe, qui ont été identifiés sur une liste de cibles potentielles sélectionnées par un service de sécurité de l’État marocain utilisant Pegasus.

Ces révélations ont ensuite conduit à des tensions diplomatiques entre la France et le Maroc, Paris demandant des explications à Rabat. Le Maroc a nié ces accusations et a intenté des actions en diffamation contre les médias et les organisations les ayant formulées. Affaire à suivre sur ce point.

Ce que ça change pour l’avenir



Dans tous les cas, ce verdict aux États-Unis pourrait faire réfléchir d’autres entreprises spécialisées dans les logiciels espions. Si les tribunaux commencent à tenir les fabricants responsables des abus commis avec leurs outils, cela pourrait freiner les dérives. À moins que les sanctions infligées ne suffisent pas à rendre cette activité lucrative, ce qui est fort possible.